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Témoignages

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03.09.2020

Catherine

Catherine Laranjo

L’anorexie a été plus fortement dans ma vie de mes 18 à mes 27 ans. Pour moi, la maladie a été beaucoup faite d'obsessions : des pensées reliées à s'alimenter, ne pas s'alimenter, comment s'alimenter, quand s'alimenter, puis par rapport aux vêtements, à la forme du corps, à la texture du corps, l'espace que j'occupais dans le monde. Peut-être que de l'extérieur, seulement le corps semble affecté, mais c'est la couche la plus superficielle qui cache un mal plus profond. J’ai toujours dit que je ne voulais pas guérir juste mon corps...

L’anorexie, c'est quelque chose, quelqu'un qui occupe ton corps sans ta permission. C'est une cohabitation forcée. Je ne voulais pas être la maladie, donc je l’ai personnifiée. J’en parlais sans dire "ma maladie" ou "je suis anorexique". J'ai toujours dit "j'ai l'anorexie" ou "en ce moment il y a l'anorexie dans ma vie". Ça donnait beaucoup plus d'espace à Catherine, sans nier que la maladie existait. J’ai été hospitalisée quatre fois au Douglas, la dernière pendant six mois... ça a été très difficile. Même si j’étais dans un état très grave, je n'ai jamais arrêté d'avoir confiance. Chaque marche de l'escalier a été essentielle à la suivante. Pour moi, ça a toujours été une période, et même si c'était une période qui allait durer 30 ans, j'étais prête à ce que ça dure 30 ans. Je savais que mon essence, ce n'était pas ça, et que si je continuais à nourrir ce qui était en vie et sain en moi, c'est ça qui allait inonder le reste. Ce qu'on nourrit grandit.

Dans les choses qui m’ont aidée, il y a un thérapeute du Douglas qui m'a suivie pendant six ans. Il a été vraiment central dans ma guérison. J'ai aussi une pratique de yoga et de méditation depuis plus de 10 ans, puis j’ai beaucoup écrit à, sur et avec la maladie. J'ai surtout été bénie d’un entourage ouvert, intéressé et inconditionnellement aimant, qui a fait en sorte que je n’ai jamais été complètement isolée et toujours bercée. J'ai accepté que l’anorexie ne sera jamais complètement évacuée de ma vie : je compose avec cette fragilité, mais maintenant je connais d’autres chemins pour la porter. J'ai développé une manière plus saine et bienveillante de vivre avec. Je pense qu'une de mes religions, c'est la gratitude. Je me suis toujours dit que la vie m'envoyait exactement ce dont j'avais besoin pour évoluer, ce que j'étais capable de vivre grâce à mes ressources intérieures et extérieures. Je me suis assise avec la souffrance et maintenant je me sens tellement plus forte, d'une force qui inclue aussi la vulnérabilité.

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