Ernithe et Fama

On vient de Pointe-aux-Trembles, un quartier plus défavorisé de Montréal. Il y a quelques années, on côtoyait des jeunes à travers un camp de basket qui nous confiaient leurs problèmes familiaux et de santé mentale. On voyait qu’ils n’avaient pas de ressources et qu’ils ne savaient pas vers qui se tourner de peur d’être jugés ou incompris. On a décidé de créer le projet My Mental Health Matters (MMHM) entre autres pour y partager des ressources. La santé mentale est un sujet très tabou dans notre culture, donc on a voulu déstigmatiser ça à travers notre initiative.

On a nous-mêmes vécu des difficultés sur le plan de la santé mentale et de s’ouvrir à des professionnels est quelque chose qui nous a vraiment fait du bien. On essaie, à travers notre plateforme, d’encourager les jeunes à parler de leurs émotions et à aller chercher de l’aide, encore plus dans le contexte des tensions raciales des derniers mois. On veut créer un safe space. Les événements des derniers mois ont permis de rappeler aux gens que le racisme est encore présent, même ici. On vit des micro-agressions au quotidien. Cet été, on se déconnectait parfois des réseaux sociaux parce que ça devenait trop. D’ailleurs, un grand nombre de personnes ont partagé des publications en soutien aux communautés noires sur les réseaux sociaux après le décès de George Floyd. Mais combien de personnes sont allées signer des pétitions, ont fait des dons, et ont vraiment changé leurs comportements? Plein de compagnies ont montré leur support aux minorités visibles, mais est-ce qu’elles ont vraiment commencé à engager plus de personnes racisées?

Les réseaux sociaux sont des couteaux à double tranchant. Ils aident à passer des messages et à sensibiliser les gens, mais il faut se rappeler que ce sont les actions qui sont importantes. On aimerait, à travers notre projet, poser plus de gestes pour aider et créer de vrais changements et on espère également inspirer les gens à faire la même chose.