14.04.2021
Matthieu
Il y a bientôt un an, je me suis séparé de ma conjointe, avec qui j’ai eu deux enfants. À ce moment-là, j’ai senti que j’avais atteint le fond, que toutes mes protections et mes carapaces construites au fil des années sont tombées. En réalisant que j’étais fragile émotionnellement, j'ai commencé à consulter une psychologue... Ma mère s’est enlevé la vie quand j’avais 14 ans. Elle était atteinte de schizophrénie. Quand mon père nous a annoncé qu'elle était décédée, je ne savais pas comment réagir et j’ai tenté de rationaliser les événements plutôt que de vivre mes émotions. Son suicide a été difficile pour toute la famille. On n'a jamais été très proche dans ma fratrie et on en a peu parlé.
C'est 20 ans plus tard, peu avant de me séparer de mon ex-conjointe, que je me suis rendu compte que je n'avais pas fait le deuil de ma mère, et c'est seulement à ce moment-là que j'ai pleuré sa mort. Je sens que j'ai des choses à régler envers moi-même et face à la mort de ma mère. Ça implique de reparler de mon passé, de ma mère et de sa maladie, et de l'impact que ça a eu sur la façon dont je me suis construit...Avant ma rupture, ça faisait deux ans que j'avais des symptômes intenses d'anxiété. Je ne m'écoutais pas et je mettais la faute sur d'autres problèmes, en me disant que je ne mangeais pas assez santé ou que je ne faisais pas assez d'exercice. Je n'étais pas heureux et tout a débordé avec la séparation.
Je travaille à reconsidérer qui je suis vraiment, à voir quelle est mon identité. J'apprends à me connaître, et je me rends compte à travers la thérapie que la famille a beaucoup d'impacts sur qui on devient. C'est une chose d'en prendre conscience, et c'en est une autre de changer ses comportements...On a très peu parlé du décès de ma mère dans ma famille. Depuis ma rupture et le début de ma psychothérapie, je me suis rapproché de ma fratrie. On lève tranquillement le tabou entourant sa mort et c’est très libérateur.
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