05.04.2021
Alexandra

À 17 ans, j’ai quitté ma ville natale pour déménager à Sainte-Thérèse. Je vivais plusieurs changements en même temps : je partais de chez mes parents, je commençais des études en sciences de la nature et j’étais nouvellement en relation. Même si je réussissais bien, je n’aimais pas mon programme et je faisais des crises de panique après mes cours de physique. À un moment donné, j’ai constaté que j’avais perdu mon naturel avec mes amis. Je ne me reconnaissais plus, je me sentais déconnectée, un peu comme si j’avais perdu mon identité. Je ne ressentais plus beaucoup d'émotions et je sentais que je vivais ma vie comme un personnage. Il y avait même un brouillard devant mes yeux, comme si je n’étais pas vraiment là. En conduisant, ça m’arrivait de me regarder dans le rétroviseur pour me voir, pour m’assurer que j’étais bien là.
J’ai pu consulter une psychiatre et une psychologue, et c’est là que j’ai su que je vivais une dépersonnalisation. La dépersonnalisation, c’est faire l’expérience d’un détachement ou d’être un observateur extérieur de ses propres pensées, sensations et émotions. Ça cache souvent de l’anxiété ou une dépression. En thérapie, j’ai réalisé que dans la vie, j’ai toujours voulu rendre les autres heureux et je me suis oubliée là-dedans. À force de répondre aux besoins de tout le monde, j’en suis venue à ne plus ressentir mes propres besoins. Ç’a été un long cheminement, parce que pendant des années, j’ai eu l’habitude de demander aux autres ce qu'ils veulent, sans penser à ce dont j’avais envie. Ça m'a fait prendre conscience que mes émotions sont là pour me guider, j'ai comme un devoir moral envers moi-même de les écouter.
J’ai finalement décidé de partir un mois toute seule en Irlande. J'avais envie de prendre des décisions pour moi et ça m'a beaucoup aidée. Tranquillement, j'ai retrouvé mes couleurs, une à la fois, et je me suis reconnectée à qui j’étais. Je suis une personne extravertie, souriante, mais ça n’empêche pas que j’ai vécu des choses difficiles. C’est important de ne pas juger et de montrer que ça peut arriver à tout le monde. Chaque être humain a une histoire, un monde dans sa tête, peu importe la façade.
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