Shanat

Il y a 9 ans, j’ai fait une tentative de suicide... J’étais dans une situation personnelle et amoureuse qui ne correspondait plus à mes valeurs, mais à ce moment-là, je ne m’en rendais pas compte. Je voyais juste un mur. C’était tellement fort. J’ai vu le suicide comme une solution “rationnelle” pour mettre fin à ma souffrance, mais je ne voulais pas mourir. Lorsque j’ai été hospitalisée, je me suis sentie tellement vulnérable et honteuse. On m’a fait rencontrer un psychiatre, qui m’a demandé si je voulais un arrêt de travail et des antidépresseurs. C’était très rapide comme rencontre, et on n’a même pas parlé des raisons qui m’avaient poussée à poser ce geste. Je suis finalement retournée au travail en prenant des antidépresseurs. Heureusement, ma mère m’a conseillé de me faire suivre en hypnothérapie. Avant cet épisode, j’étais dans le déni de ma détresse psychologique.

Avec le recul, je réalise que beaucoup de choses se sont produites dans ma vie pour que j’en arrive là, mais je ne les avais pas vues. Petit à petit, je me suis mise à m’écouter plus et à aller voir ce qui était dans l’ombre. C’était rassurant de pouvoir faire ce travail en étant accompagnée. Je continue toujours mes rencontres en hypnothérapie et c’est maintenant un moyen d’épanouissement alors qu’avant, j’étais dans l’urgence d’apaiser ma détresse. L’autre travail que j’ai commencé est un travail de guérison au niveau de ce que mes ancêtres ont vécu. Ma mère est blanche et née en France, mon père est noir et né au Niger. J’ai été plus éduquée par ma mère. Récemment, le travail d’éducation suite au mouvement Black Lives Matter m’a fait réaliser qu’inconsciemment, je me considérais plus blanche que noire, parce que l’oppression internalisée m’avait fait penser que c’était plus ‘’safe”. Je pense qu’on a tous un travail à faire par rapport à cet enjeu du racisme, et qu’il est différent pour chacun. C’est un nouveau monde qu’on est en train de créer et j’ai l’impression qu’on a ouvert une porte de plus.