Linda

On a déménagé dans notre nouvelle maison sur le bord de l’eau le 18 avril 2017. Le 20 avril on a été évacués une première fois à cause d’inondations historiques. On a pu revenir à la maison, mais quelques semaines plus tard, en même temps que la deuxième crue printanière, il y a eu un autre déluge de pluie. On n’a pas eu le choix de repartir une deuxième fois…cette fois-là pour 35 jours. On était dans un piètre état…on s’est souvent roulés en boule, c’était très difficile. Quand l’eau a commencé à monter, j’avais peur de descendre dans le sous-sol. C’était comme s’il y avait un monstre en bas.

Ici, on ne craint pas pour notre sécurité physique en lien avec des catastrophes naturelles…pas dans le pays où on vit. Mais à ce moment-là, j’ai vraiment eu peur pour ma sécurité physique. Je me rappelle, je ne sais pas combien de fois par nuit, je regardais si la rivière approchait…et je ressentais une menace pour ma vie. Mon rationnel était pu là…je me disais que la maison pouvait partir avec nous dedans. C’est ça qui a le plus mis mes nerfs à l’épreuve. Quand on est revenus vers le début du mois de juin, les gens sont venus avec leurs pics et leurs pelles pour nous aider à nettoyer. On a graduellement pu réparer certains dommages grâce à cette aide-là.

C’est aussi ça la partie difficile…ça prend beaucoup d’humilité parce qu’à un moment donné, tu fais juste recevoir, mais tu peux rien donner en retour…parce que t’as rien à donner. L’aide psychologique a vraiment été nécessaire, autant pour moi que pour mon conjoint. On nous a diagnostiqué un choc post-traumatique et un trouble de l’adaptation pour les deux. Je suis tellement contente que ça soit derrière nous... Jean-Pierre et moi on connaît maintenant mieux nos forces. On est un couple solide. Cette épreuve-là nous a permis d’être encore plus appréciatifs de la vie…