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Témoignages

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15.10.2020

Isabelle

Isabelle Lipari

Pendant une période de plus de 13 ans, je me suis retrouvée à être proche aidante auprès de quatre personnes de ma famille, qui étaient atteintes de différents problèmes de santé physique ou mentale. Je me suis sentie très dépourvue, perdue et frustrée par le manque de soutien. À la longue, c'est comme si j’étais toujours sur le qui-vive, toujours devant une menace. J’en suis venue à être tellement fatiguée physiquement et émotionnellement que je ne fonctionnais plus. J’en suis tombée malade physiquement. Ça a commencé par de l’insomnie, puis une suite de grippes, deux bronchites et des palpitations cardiaques.

Les événements s’enchaînaient et je ne remontais pas la pente. Un an plus tard, comme la situation ne s’améliorait pas, j’ai dû prendre plusieurs mois de congé. On m’avait diagnostiqué une dépression, mais moi, je suis certaine que c’était un épuisement de proche aidante. Éventuellement, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je pense à moi. L’erreur que les gens font et que j’ai faite moi-même, c'est de sous-estimer le besoin de notre corps à simplement arrêter. J’ai pris soin de moi et aujourd’hui, deux ans plus tard, je suis complètement guérie. Je n’oublie pas de prendre du temps pour moi malgré que je sois toujours proche aidante pour un des membres de ma famille.

Mon père de 91 ans a survécu à la pandémie, malgré le fait qu’il ait été hospitalisé le 19 mars. Il n’est jamais retourné chez lui et il est maintenant en soins de longue durée. Pendant la première vague, je ne l’ai pas vu pendant 4 mois! Lors de mes derniers appels vidéo, je suppliais le centre de nous permettre de venir le visiter. C’était de la torture émotionnelle... Il a survécu, mais à quel prix? Où se trouve la ligne entre la santé physique et la santé mentale? La proche aidance c’est difficile mais la proche aidance à distance, c’est encore pire… Alors que je me prépare pour le pire avec cette seconde vague, je continue à garder mes doigts croisés et à espérer qu’il passera à travers une deuxième fois, mais surtout qu’on ne m’empêchera pas de le visiter, de lui prendre la main et de le rassurer.

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  • 24.10.2020

    Isabelle, je te souhaite bon courage et surtout ne t’oublie pas...

    cette mausus de pandémie, on n’en a pas le contrôle alors on doit  « accepter » les contraintes...oui, oui, mais nos parents dépérissent durant ce temps-là...mes parents ne sont plus de ce monde, malheureusement mais je suis soulagée qu’ils n’aient pas eu à passer par là..

    Encore une fois, bonne continuation! 

  • 24.10.2020

    Merci pour ton témoignage. Je suis moi aussi proche aidante et tu m’as fait réaliser en te lisant que ...ce que je lance comme système d’alarme autour de moi depuis qq temps ressemble tellement a ce que tu vis. Nous avons sortie ma mère de sa résidence car elle fait de l’Alzheimer et cela demande de la supervision. C’est prenant et cela change une vie....Cela me console de réaliser que je ne suis pas seule à vivre ces étapes et que je dois prendre soin de moi. Ma mère devrait éventuellement être placée mais nous ne sommes pas tous en accord (enfants) sur le sujet. Très difficile en cette période de Covid et de composer avec cette maladie. C’est souffrant et je me demande parfois comment faire ?