26.04.2022
Plem

Ma famille et moi, on a quitté le Congo en 2015 pour s’établir dans un camp de réfugiés en Ouganda, puisqu’il fallait protéger mes deux sœurs qui sont albinos. Au Congo et dans plusieurs pays d’Afrique, les albinos se font kidnapper ou attaquer. Dans les camps de réfugiés, ce ne sont pas des conditions faciles. On attend jusqu’à 20h le soir pour manger, et ça, c’est s’il y a de la nourriture…En 2018, j’ai entendu parler du Programme d’étudiants réfugiés de l’Entraide universitaire mondiale du Canada. Je me suis inscrit et à ma grande surprise, j’ai été sélectionné pour une entrevue, alors j’ai travaillé fort pour améliorer mon français, je voulais être bien préparé. Environ mille personnes en Ouganda avaient posé leur candidature et seulement 22 personnes ont été sélectionnées, dont moi ! J’étais très heureux, mais j’avais aussi de la peine, parce que j'allais quitter ma famille que je ne pourrais plus aider…
Je suis arrivé à Terrebonne à l’hiver 2021. On s’est bien occupé de moi à mon arrivée, même si j’ai dû passer les 14 premiers jours seul, en quarantaine. J’étudie en sciences humaines au cégep et tout un comité est là pour m’accompagner dans cette intégration. Parfois, je me sens égoïste de vivre tout ça, dans cette abondance et ce confort, alors que mes proches restent là-bas. Ce sont deux mondes complètement différents. Quand je suis ici, je comprends que la réalité que j'ai connue, ce n'est pas la normalité, ça ne devrait pas se passer comme ça. On me dit souvent que je suis résilient, mais pour moi, avoir faim et être capable de patienter jusqu’à ce que de la nourriture arrive, ça, c'est de la résilience. J'ai beaucoup d'opportunités que les gens n'ont pas en Afrique. Je peux m'instruire et ça me permettra ensuite d'aider ma famille. Ça m'aide à avancer et à m'accrocher. Je veux profiter de cette chance-là au maximum…Récemment, le ministre de l'Économie m’a remis une médaille de l'Assemblée nationale pour mon courage et ma persévérance. J'avais du mal à comprendre pourquoi j'avais droit à ça, mais ça me permet d'avoir cet espoir qu’il y a une place pour moi au Québec, peu importe mes croyances et ma couleur de peau.
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