15.06.2020
Émilie
Mon anxiété a commencé à se présenter lorsque j’étudiais en droit, la période la plus stressante de ma vie. À l’époque, sortir de ma maison me prenait 20-25 minutes parce que je devais tout vérifier dans un ordre précis…le four, la douche, mon fer plat et ce, plusieurs fois. Mon médecin de famille m’a diagnostiqué un trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et m’a prescrit une médication pour l’anxiété. C’est aussi vers cette période-là que j’ai commencé une psychothérapie. Après mes études, j’ai pratiqué deux ans dans un cabinet privé comme avocate. C’était un milieu très compétitif. À la fin, j’avais des maux de ventre et je pleurais souvent quand j’étais au travail.
En octobre 2015, j’ai dû me remettre en question professionnellement. Je ne voulais pas retourner dans une entreprise où les valeurs n’étaient pas les miennes. Ouvrir un café avait toujours été une fantaisie pour moi et je disais que c’était mon projet de retraite, mais là je me suis permis de l’envisager plus sérieusement. Le 1er juillet 2016, on ouvrait le Perko, un café dans Villeray. C’était très exigeant, je faisais parfois des journées de 15 heures. À l’automne 2017, les défis se sont accumulés dans ma vie et j’ai perdu le contrôle. Ma blonde m’a encouragée à prendre des journées de congé et à aller consulter. Après avoir pleuré plusieurs jours, je me sentais comme un robot, comme si je n’avais plus d’émotion. J’ai repris rendez-vous avec une psychologue pour apprendre à gérer mon anxiété. Elle m’a donné un diagnostic de trouble d’anxiété généralisé avec comorbidité d’un TOC.
Ça a été une délivrance pour moi d’avoir les bons diagnostics parce que ça m’a permis de ne plus penser que c’était moi le problème. Au fil du temps, j’ai aussi appris l’importance de me reposer…C’est vraiment tout un cheminement d’apprendre à avoir des attentes plus réalistes envers moi-même. C’est particulièrement difficile en tant qu’entrepreneur. Au café, je parle ouvertement de santé mentale avec mes collègues. Ça donne le droit aux gens de le dire quand ils atteignent leurs limites et qu’ils ont besoin de repos. Les ‘’mental health days’’ ça existe chez nous, tant pour moi que mes employés. Au Perko, j’essaie vraiment de créer cette culture d’entraide et d’ouverture.
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